Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/336

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confondre. Ces demi-ſauvages plongés dans une fainéantiſe profonde, vivoient de fruits & de racines, habitoient des cabanes, étoient ſans meubles, & la plupart ſans vêtemens. Le petit nombre de ceux en qui l’indolence n’avoit pas étouffé le préjugé des bienséances, le goût des commodités, recevoient des habits de la main des François leurs voiſins, auxquels ils livroient leurs nombreux troupeaux, & l’argent qu’on leur envoyoit pour deux cens ſoldats, pour les prêtres & pour le gouvernement. La compagnie excluſive formée en 1756 à Barcelone pour ranimer les cendres de Saint-Domingue, n’a rien opéré. Depuis que cette iſle a été ouverte en 1766 à tous les navigateurs Eſpagnols, ſon état eſt encore reſté le même. Ce qu’on peut y avoir planté de cannes, de cafiers & de pieds de tabac ne ſuffit pas à ſa conſommation, loin de pouvoir contribuer à celle de la métropole. La colonie ne fournit annuellement au commerce national que cinq ou ſix mille cuirs, & quelques denrées de ſi peu de valeur, qu’elles méritent à peine d’être comptées.