Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/375

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qui, ſous prétexte de prévenir les guerres, les allume ; qui, en amenant le deſpotiſme des gouvernemens, prépare de loin la révolte des peuples ; qui, arrachant perpétuellement l’habitant de ſon foyer, & le cultivateur de ſon champ, éteint l’amour de la patrie, en éloignant l’homme de ſon berceau ; qui bouleverſe les nations & les tranſplante au-delà des terres & des mers : cet eſprit mercenaire de milice, qui n’eſt pas l’eſprit militaire, perdra tôt ou tard l’Europe : mais bien plutôt les colonies, & peut-être celles d’Eſpagne avant les autres.

XIII. L’Eſpagne a-t-elle pris les moyens convenables, les prend-elle encore pour rendre ſes iſles utiles ?

Cette puiſſance poſſède la partie la plus étendue, la plus fertile de l’archipel Américain. En des mains actives, ces iſles ſeroient devenues la ſource d’une proſpérité ſans bornes. Dans l’état actuel, ce ſont de vaſtes forêts où règne une ſolitude affreuſe. Bien loin de contribuer à la force, à la richeſſe de la monarchie qui en a la propriété ; elles ne font que l’affoiblir, que la ruiner par les dépenſes qu’abſorbe leur conſervation. Si l’Eſpagne eût étudié convenablement la marche politique des autres peuples, elle auroit vu que pluſieurs d’entre eux devoient