Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/376

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uniquement leur prépondérance à quelques iſles inférieures en tout, à celles qui n’ont ſervi juſqu’ici qu’à groſſir ignominieuſement la liſte de ſes innombrables & inutiles poſſeſſions. Elle auroit appris que la fondation des colonies, de celles ſur-tout qui n’ont point de mines, ne pouvoit avoir d’autre but raiſonnable, que celui d’y établir des cultures.

C’eſt calomnier les Eſpagnols, que de les croire incapables par caractère, de ſoins laborieux & pénibles. Si l’on jette un regard ſur les fatigues exceſſives que ſupportent ſi patiemment ceux de cette nation qui ſe livrent au commerce interlope, on s’apercevra que leurs travaux ſont infiniment plus durs que ceux de l’économie rurale d’une habitation. S’ils négligent de s’enrichir par la culture, c’eſt la faute du gouvernement. Ah ! s’il étoit permis à l’écrivain déſintéreſſé, qui ne cherche & ne ſouhaite que le bonheur de l’humanité, de prêter à ces colons des ſentimens & des diſcours, que l’habitude de l’oiſiveté, les entraves de l’adminiſtration, les préjugés de toute eſpèce, ſemblent leur avoir interdits, ne pourroit-il