Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/385

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ſavez mieux que moi. Vous couvrez d’un phantôme ridicule une extravagante ambition. Vous préférez le vain éclat de ſa ſplendeur à la jouiſſance d’une félicité réelle, que vous perdez pour en dépouiller les autres. De quel droit preſcrivez-vous des bornes à leur bonheur, vous qui prétendez étendre le vôtre ſans limite ? Vous êtes un peuple injuſte, lorſque vous vous attribuez le droit excluſif de proſpérer. Vous êtes un peuple mauvais calculateur, lorſque vous eſpérez vous enrichir en réduiſant les autres à l’indigence. Vous êtes encore un peuple aveugle, ſi vous ne concevez pas que la puiſſance d’une nation qui s’élève ſur les ruines de toutes celles qui l’environnent eſt un coloſſe d’argile, qui étonne un moment & qui tombe en pouſſière ».

Je dirois enſuite au miniſtère Eſpagnol : Tous les états de l’Europe ſont intéreſſés à la proſpérité de votre continent dans le Nouveau-Monde, parce que plus ces vaſtes états ſeront floriſſans, plus leurs marchandiſes, leurs manufactures auront des débouchés avantageux : mais il