Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/40

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cipline ſe relâcha, & alors s’écroula le gouvernement qui ne portoit que ſur cette baſe.

Belizaire ſurprit ces peuples dans cette confuſion, les extermina, & rétablit l’empire, dans ſes anciens droits : mais ce ne fut que pour un moment. Les grands hommes qui peuvent former & mûrir une nation naiſſante, ne ſauroient rajeunir une nation, vieillie & tombée.

Il s’en préſente un grand nombre de raiſons, toutes également palpables. Le fondateur s’adreſſe à un homme neuf, qui ſent ſon malheur, dont la leçon continue le diſpoſe à la docilité ; il n’a qu’à préſenter le viſage & le caractère de la bienfaiſance, pour ſe faire écouter, obéir & chérir ; l’expérience journalière donne de la confiance en ſa perſonne & de la force à ſes conſeils. On eſt bientôt forcé de lui reconnoître une grande ſupériorité de lumières. Il prêche la vertu qui ſera toujours d’autant plus impérieuſe que le diſciple ſera plus ſimple. Il ne lui eſt pas difficile de décrier le vice dont le vicieux eſt la première victime. Il n’attaque de vive force que les préjugés qu’il ſe promet de renverſer. Il emploie la main du