Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/401

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veau-Monde, décida la conquête de Curaçao. Bientôt on y vit arriver un grand nombre de navires Hollandois. Forts & bien armés, ils étoient montés par des hommes choiſis dont la bravoure étoit ſoutenue d’un vif intérêt. Chacun d’eux avoit dans la cargaiſon une part plus ou moins conſidérable qu’il étoit déterminé à défendre au prix de ſon ſang contre les attaques des garde-côtes.

Les Eſpagnols n’attendoient pas toujours les fraudeurs. Souvent ils venoient eux-mêmes échanger dans un entrepôt conſtamment bien approviſionné leur or, leur argent, leur quinquina, leur cacao, leur tabac, leurs cuirs, leurs beſtiaux, contre des nègres, des toiles, des ſoieries, des étoffes des Indes, des épiceries, du vif-argent, des ouvrages de fer ou d’acier. C’étoit une réciprocité de beſoins, de ſecours, de travaux & de courſes entre deux nations rivales & avides de richeſſes.

L’établiſſement de la compagnie de Caraque & la ſubſtitution des vaiſſeaux de regiſtre aux galions, ont beaucoup ralenti cette communication : mais les liaiſons qu’on a formées avec le ſud de la colonie