Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/445

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agité l’Europe. La politique intéreſſée de notre ſiècle lui auroit pardonné les guerres qu’elle a entrepriſes ou ſoutenues pour l’utilité de ſon commerce. Mais comment approuver celles ou ſon ambition démeſurée, & des inquiétudes mal fondées ont pu l’engager ? Il a fallu qu’elle recourût à des emprunts exceſſifs. Si l’on réunit les dettes séparément contractées par la généralité, par les provinces, par les villes, dettes également publiques ; on trouvera qu’elles s’élèvent à deux milliards, dont l’intérêt, quoique réduit à deux & demi pour cent, a prodigieuſement augmenté la maſſe des impôts.

D’autres examineront peut-être ſi ces taxes ont été judicieuſement placées, ſi elles ſont perçues avec l’économie convenable. Il ſuffit ici d’obſerver que leur effet a été de renchérir ſi fort les denrées de premier beſoin, & par conséquent la main-d’œuvre, que l’induſtrie nationale en a ſouffert la plus rude atteinte. Les manufactures de laine, de ſoie, d’or & d’argent, une foule d’autres ont ſuccombé, après avoir lutté long-tems contre la progreſſion de l’impôt & de la cherté. Quand l’équinoxe du printems amène à la fois les