Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/90

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employé à former une hypothèſe, & le tems employé à la détruire, ſont preſque également perdus. Les ſciences de calcul, ſatiſfaiſantes pour l’amour-propre, qui ſe plaît à vaincre les difficultés, & pour l’eſprit juſte qui aime les réſultats rigoureux, dureront ; mais avec peu d’utilité pour les uſages de la vie. La religion, qui jette du dédain ſur les travaux d’un être en chryſalide & qui redoute ſecrètement les progrès de la raiſon, multipliera les oiſifs & retardera l’homme laborieux par la crainte ou par le ſcrupule. À meſure qu’une ſcience s’avance, les pas deviennent plus difficiles ; la généralité ſe dégoûte, & elle n’eſt plus cultivée, que par quelques hommes opiniâtres, qui s’en occupent ; ſoit par habitude, ſoit par l’eſpérance bien ou mal fondée de ſe faire un nom, juſqu’au moment où le ridicule s’en mêle & où l’on montre au doigt, ou comme un fou, ou comme un ſot celui qui ſe promet de vaincre une difficulté contre laquelle quelques hommes célèbres ont échoué. C’eſt ainſi qu’on maſque la crainte qu’il ne réuſſiſſe.

On a vu dans tous les ſiècles & chez toutes les nations, les études naître, tomber & ſe