Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/114

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tranquillement les poſtes qui convenoient le mieux à leurs cultures. Ils formoient alors deux claſſes. La première étoit composée de ceux qui avoient payé leur paſſage en Amérique : on les appelloit habitans. Le gouvernement leur diſtribuoit des terres en toute propriété, ſous la charge d’une redevance annuelle. Ils étoient obligés de faire la garde chacun à leur tour, & de contribuer à proportion de leurs moyens, aux dépenſes qu’exigeoient l’utilité & la sûreté communes. À leurs ordres, étoient une foule de misérables, qu’ils avoient amenés d’Europe à leurs frais, ſous le nom d’engagés. C’étoit une eſpèce d’eſclavage qui duroit trois ans. Ce terme expiré, les engagés devenoient, par le recouvrement de leur liberté, les égaux de ceux qu’ils avoient ſervis.

Les uns & les autres s’occupèrent d’abord uniquement du tabac & du coton. On y joignit bientôt le rocou & l’indigo. La culture du ſucre ne commença que vers l’an 1650. Benjamin Dacoſta, l’un de ces juifs qui puiſent leur induſtrie dans l’oppreſſion même où eſt tombée leur nation après l’avoir exercée, planta, dix ans après, des cacaotiers. Son