Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/115

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exemple fut ſans influence juſqu’en 1684, où le chocolat devint d’un uſage aſſez commun dans la métropole. Alors, le cacao fut la reſſource de la plupart des colons, qui n’avoient pas des fonds ſuffiſans pour entreprendre la culture du ſucre. Une de ces calamités, que les ſaiſons apportent & verſent, tantôt ſur les hommes & tantôt ſur les plantes, fit périr, en 1727, tous les cacaotiers. La déſolation fut générale parmi les habitans de la Martinique. On leur préſenta le cafier, comme une planche après le naufrage.

Le miniſtère de France avoit reçu des Hollandois en préſent, deux pieds de cet arbre, qui étoient conſervés avec ſoin dans le jardin royal des plantes. On en tira deux rejetons. M. Deſclieux, chargé, en 1726, de les porter à la Martinique, ſe trouva ſur un vaiſſeau où l’eau devint rare. Il partagea, avec ſes arbuſtes, le peu qu’il en recevoit pour ſa boiſſon ; & par ce généreux ſacrifice, il parvint à ſauver la moitié du précieux dépôt qui lui avoit été confié. Sa magnanimité fut récompensée. Le café ſe multiplia avec une rapidité, avec un ſuccès extraordinaires ; & ce vertueux citoyen a joui juſqu’à