Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/118

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XXI. La Martinique jette un grand éclat. Cauſes de cette proſpérité.

Lorſque les guerres longues & cruelles qui portoient la déſolation ſur tous les continens & ſur toutes les mers du monde, furent aſſoupies, & que la France eut abandonné des projets de conquête, & des principes d’adminiſtration qui l’avoient long-tems égarée, la Martinique ſortit de l’eſpèce de langueur où tous ces maux l’avoient laiſſée. Bientôt ſes proſpérités furent éclatantes : elle devint le marché général des établiſſemens nationaux du Vent. C’étoit dans ſes ports que les iſles voiſines vendoient leurs productions ; c’étoit dans ſes ports qu’elles achetoient les marchandiſes de la métropole. Les navigateurs François ne dépoſoient, ne formoient leurs cargaiſons que dans ſes ports. L’Europe ne connoiſſoit que la Martinique. Elle mérita d’occuper les ſpéculateurs, comme agricole, comme agente des autres colonies, comme commerçante avec l’Amérique Eſpagnole & Septentrionale.

Comme agricole, elle occupoit, en 1736, ſoixante-douze mille eſclaves, ſur un ſol nouvellement défriché en grande partie, & qui donnoit par conséquent des récoltes très-abondantes.

Ses