Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/117

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colons ſurent maintenir en ce tems d’anarchie, prouvèrent plus d’averſion pour la tyrannie, que d’éloignement pour l’autorité, & juſtifièrent, en quelque ſorte, aux yeux de la métropole, ce que cette démarche avoit d’irrégulier & de contraire aux principes reçus.

Malgré tant de moyens de proſpérité, la Martinique, quoique plus avancée que les autres colonies Françoiſes, l’étoit cependant fort peu à la fin du dernier ſiècle. En 1700, elle n’avoit en tout que ſix mille cinq cens quatre-vingt-dix-ſept blancs. Le nombre des ſauvages, des mulâtres, des nègres libres, hommes, femmes, enfans, n’étoit que de cinq cens ſept. On ne comptoit que quatorze mille cinq cens ſoixante-ſix eſclaves. Tous ces objets réunis ne formoient qu’une population de vingt-un mille ſix cens quarante perſonnes. Les troupeaux ſe réduiſoient à trois mille ſix cens ſoixante-huit chevaux ou mulets, & à neuf mille deux cens dix-ſept bêtes à corne. On cultivoit un grand nombre de pieds de cacao, de tabac, de coton, & l’on exploitoit neuf indigoteries, & cent quatre-vingt-trois foibles ſucreries.