Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/130

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pour ſe dédommager des pertes dont ils couroient les riſques, vendoient fort cher, achetoient à bas prix. Ainſi les productions tombèrent dans l’aviliſſement. Les terres furent mal cultivées. On négligea l’entretien des ateliers. Les eſclaves périſſoient faute de nourriture. Tout languiſſoit, tout s’écrouloit. Enfin la paix ramena, avec la liberté du commerce, l’eſpoir de recouvrer l’ancienne proſpérité. Les événemens trompèrent les premiers efforts que l’on fit.

XXIII. La Martinique décheoit. Cauſe de cette décadence.

Il n’y avoit pas deux ans que les hoſtilités avoient ceſſé, lorſque la colonie perdit le commerce frauduleux qu’elle faiſoit avec les Américains Eſpagnols. Cette révolution ne fut point l’effet de la vigilance des garde-côtes. Comme on a toujours plus d’intérêt à les braver qu’eux à ſe défendre, on mépriſe des gens foiblement payés pour protéger des droits ou des prohibitions ſouvent injuſtes. Ce fut la ſubſtitution des vaiſſeaux de regiſtre aux flottes, qui mit des bornes très-étroites aux entrepriſes des interlopes. Dans le nouveau ſyſtème, le nombre des bâtimens étoit indéterminé, & le tems de leur arrivée incertain ; ce qui jeta dans le