Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/150

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XXVII. Les François envahiſſent la Guadeloupe. Calamités qu’ils y éprouvent.

Cette iſle, dont la forme eſt fort irrégulière, peut avoir quatre-vingts lieues de tour. Elle eſt coupée en deux par un petit bras de mer, qui n’a pas plus de deux lieues de long, ſur une largeur de quinze à quarante toiſes. Ce canal connu ſous le nom de rivière ſalée, eſt navigable : mais ne peut porter que des pirogues.

La partie de l’iſle qui donne ſon nom à la colonie entière, eſt hériſſée dans ſon centre de rochers affreux où il règne un froid continuel, qui n’y laiſſe croître que des fougères & quelques arbuſtes inutiles couverts de mouſſe. Au ſommet de ces rochers, s’élève à perte de vue, dans la moyenne région de l’air, une montagne appelée la Souphrière. Elle exhale par des ouvertures, une épaiſſe & noire fumée, entremêlée d’étincelles viſibles pendant la nuit. De toutes ces hauteurs couleur des ſources innombrables qui vont porter la fertilité dans les plaines qu’elles arroſent, & tempérer l’air brûlant du climat par la fraîcheur d’une boiſſon ſi renommée, que les galions qui reconnoiſſoient autrefois les iſles du Vent, avoient ordre de renouveler leurs proviſions, de cette eau pure & ſalubre.

Telle