Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Telle eſt la portion de l’iſle, nommée par excellence la Guadeloupe. Celle qu’on appelle communément la Grande-Terre, n’a pas été ſi bien traitée par la nature. Son ſol n’eſt pas auſſi fertile, ni ſon climat auſſi ſain & auſſi agréable. Elle eſt à la vérité moins hachée & plus unie : mais les rivières lui manquent généralement. On n’y voit pas même des fontaines. Des aqueducs, qui n’entraîneroient pas de grandes dépenſes, la feront jouir, ſans doute, avec le tems, de cet avantage de l’autre partie de la colonie.

Aucune nation Européenne n’avoit occupé cette iſle, lorſque cinq cens cinquante François, conduits par deux gentils’hommes nommés Loline & Dupleſſis, y arrivèrent de Dieppe le 28 juin 1635. La prudence n’avoit pas dirigé leurs préparatifs. Leurs vivres avoient été ſi mal choiſis, qu’ils s’étoient corrompus dans la traversée ; & on en avoit embarqué ſi peu, qu’il n’en reſta plus au bout de deux mois. La métropole n’en envoyoit pas ; Saint-Chriſtophe en refuſa, ſoit par diſette, ſoit faute de volonté ; & les premiers travaux de culture qu’on avoit faits dans le pays, ne pouvoient encore rien donner. Il