Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/170

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délai, le plan d’une ville qui s’eſt accrue très-rapidement. La nature, les vents, le giſſement des côtes : tout veut que le commerce preſque entier d’une ſi belle poſſeſſion ſe concentre dans cet entrepôt. Il ne doit reſter à Saint-Charles que la réunion des beaux ſucres des Trois-Rivières, & des cafés qui ſe récoltent dans les quartiers du Baillif, de Deſhays, de Bouillante & de la Pointe-Noire. Cependant cette ville continuera à être le ſiège du gouvernement, puiſque c’eſt-là qu’eſt la force, que ſont les fortifications.

Si l’on en croyoit quelques obſervateurs, la colonie devroit s’attendre à décheoir. Sa partie, connue ſous le nom de Guadeloupe, & cultivée depuis très-long-tems, n’eſt pas, diſent-ils, ſuſceptible d’une grande amélioration. Ils aſſurent, d’un autre côté, que la Grande-Terre ne ſe ſoutiendra pas dans l’état floriſſant où un heureux haſard l’a portée. Ce vaſte eſpace, couvert preſque uniquement de ronces, il y a dix-ſept ou dix-huit ans, & qui fournit aujourd’hui les trois cinquièmes des richeſſes territoriales, n’a pas un bon ſol. Les ſucres y ſont d’une qualité très-inférieure. Privé de forêts, de rosées & de rivières, il