Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/169

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de qui elle recevoit du bois, des beſtiaux, des farines & de la morue ; ſes cotons à la Dominique qui lui fourniſſoit des eſclaves ; ſes ſucres à Saint-Euſtache qui payoit en argent ou en lettres-de-change & en marchandiſes des Indes Orientales.

La vigilance des derniers adminiſtrateurs a mis quelques bornes à ces liaiſons interlopes. Auſſi-tôt ſe ſont multipliés les navires, François deſtinés à l’extraction des denrées. L’habitude en a conduit beaucoup dans la Guadeloupe proprement dite, à Saint-Charles de la Baſſe-terre, où ſe faiſoient autrefois tous les chargemens, quoique ce ne ſoit qu’une rade foraine dont l’accès eſt difficile, & où le séjour eſt dangereux : mais un plus grand nombre ſe ſont portés à la Pointe-à-Pitre.

C’eſt un port profond & aſſez sûr, placé à l’une des extrémités de la Grande-Terre. Il fut découvert par les Anglois dans le tems qu’ils reſtèrent les maîtres de la colonie ; & ils s’occupoient du ſoin de lui donner de la ſalubrité, lorſque la paix leur arracha leur proie. La cour de Verſailles ſuivit cette idée d’un vainqueur éclairé, & fît tracer, ſans