Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/180

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Cet établiſſement alarma la cour de Madrid. Jugeant par les pertes qu’elle eſſuyoit déjà des malheurs qui la menaçoient, elle ordonna la deſtruction de la nouvelle colonie. Le général des Galions choiſit pour exécuter ſa commiſſion, l’inſtant où la plupart des braves habitans de la Tortue étoient à la mer ou à la chaſſe. Il fit pendre ou paſſer au fil de l’épée, avec la barbarie qui étoit alors ſi familière à ſa nation, tous ceux qu’il trouva iſolés dans leurs habitations ; & il ſe retira ſans laiſſer de garniſon, perſuadé que les vengeances qu’il venoit d’exercer, rendoient cette précaution inutile. Mais il éprouva que la cruauté n’eſt pas le meilleur garant de la domination.

Les aventuriers inſtruits de ce qui venoit de ſe paſſer à la Tortue, avertis en même-tems qu’on venoit de former à Saint-Domingue un corps de cinq cens hommes deſtiné à les harceler, ſentirent qu’ils ne pouvoient éviter leur ruine, qu’en ceſſant de vivre dans l’anarchie. Auſſi-tôt ſacrifiant l’indépendance individuelle à la sûreté ſociale, ils mirent à leur tête Willis, Anglois, qui s’étoit diſtingué dans cent occaſions par ſa prudence &