Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/185

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reſpecté, & qui étoit en poſſeſſion de traiter librement avec toutes les nations. Après avoir obtenu tous ces ſacrifices, il falloit par les douceurs d’une adminiſtration chérie, attirer de nouveaux habitans dans une terre dont le climat étoit auſſi décrié que la fertilité en étoit peu connue.

Dogeron eſpéra, contre l’opinion de tout le monde, qu’il réuſſiroit. L’habitude de vivre avec les hommes qu’il devoit gouverner, lui avoit appris les moyens les plus propres à les gagner : & ſes lumières n’en offroient à ſon âme honnête que de nobles & de juſtes. Les Flibuſtiers étoient déterminés à chercher des parages plus avantageux : il les retint, en leur cédant la part que ſa place lui donnoit ſur leur butin, en leur obtenant du Portugal des commiſſions pour courir ſur les Eſpagnols, même après qu’ils eurent fait la paix avec la France. C’étoit l’unique moyen d’attacher à la patrie des hommes qui en fuſſent devenus les ennemis plutôt que de renoncer au pillage. Les boucaniers ou les chaſſeurs qui ne ſouhaitoient que des reſſources pour former des habitations, trouvoient dans ſa bourſe des avances ſans intérêt, ou bien en obtenoient