Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/187

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n’obtint qu’au plus haut prix. Bientôt après il en reçut un pareil nombre qui furent obtenues à des enchères encore plus fortes. Elles furent vendues comme des eſclaves, & achetées comme une marchandiſe ordinaire. Ce fut l’argent & non le choix de leur cœur qui décida de leur deſtinée. Qu’attendre d’unions ainſi contractées ? Cependant c’étoit la ſeule voie de ſatiſfaire la paſſion la plus impétueuſe ſans entraîner des querelles, & de propager le ſang des hommes ſans le verſer. Tous les habitans s’attendoient à voir arriver de leur patrie des compagnes qui viendroient adoucir & partager leur ſort. Ils furent trompés dans leur eſpérance. On ne leur envoya plus que des filles de joie, de viles & mépriſables créatures qui s’embarquèrent avec tous les vices de l’âme & du corps attachés à une abjecte condition dont elles étoient bien éloignées de rougir, puiſqu’elles ne montrèrent aucune répugnance à s’engager pour trois ans au ſervice des hommes. Cette manière de purger la métropole en infectant la colonie, entraîna de ſi grands déſordres, qu’on ſupprima un remède funeſte, mais ſans ſubvenir au beſoin qu’il