Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/222

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venir une ſurpriſe & pour aſſurer la retraite des citoyens. Mais convenoit-il d’y concentrer l’autorité civile & militaire, les tribunaux, les troupes, les munitions, les vivres, l’arſenal ; tout ce qui fait le ſoutien d’une grande colonie ? On en jugera.

Une ouverture d’environ quatorze cens toiſes, priſes en ligne directe, dominée de deux cotés, eſt l’emplacement qu’on a choiſi pour la nouvelle capitale. Deux ports, formés par des iſlets, ont ſervi de prétexte à ce mauvais choix. Le port des marchands, à moitié comblé, ne peut plus recevoir ſans danger des vaiſſeaux de guerre ; & le grand port qui leur eſt deſtiné, auſſi mal-ſain que l’autre par les exhalaiſons des iſlets, n’eſt défendu par rien, & ne le peut être contre un ennemi ſupérieur.

Une foible eſcadre ſuffiroit même pour en bloquer une plus forte, dans une poſition ſi déſavantageuſe. La Gonave, qui diviſe la baie en deux, laiſſeroit à la petite eſcadre une croiſière libre & sûre ; les vents de mer empêcheroient qu’on ne vint à elle ; ceux de terre, en ouvrant la ſortie du port aux vaiſſeaux qu’on lui oppoſeroit,