Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/223

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lui faciliteroient le choix de la retraite entre les deux pertuis de Saint-Mare & de Léogane. À égalité de manœuvre, elle auroit toujours l’avantage de mettre la Gonave entre elle & l’eſcadre Françoiſe.

Que ſeroit-ce, ſi celle-ci ſe trouvoit la moins nombreuſe ? Déſemparée & pourſuivie, elle ne pourroit atteindre une relâche auſſi enfoncée que le Port-au-Prince, avant que le vainqueur eût profité de ſa déroute. Si les vaiſſeaux battus y arrivoient, aucun ouvrage n’empêcheroit l’ennemi de les pourſuivre preſqu’en ligne, & d’entrer juſques dans le port du roi où ils ſe retireroient.

La plus heureuſe des ſtations, en fait de croiſière, eſt celle qui donne la facilité d’accepter ou de refuſer le combat, de n’avoir qu’un petit eſpace à garder, de découvrir tout d’un point central, de trouver des mouillages sûrs au bout de chaque bordée, de pouvoir ſe cacher ſans s’éloigner, de faire du bois & de l’eau à volonté, de naviguer dans de belles mers, où l’on n’a que des grains à craindre. Tels ſont les avantages qu’une eſcadre ennemie aura toujours ſur les vaiſſeaux François, mouillés au