Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/225

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pour y édifier la capitale de Saint-Domingue. Un tremblement de terre, arrivé en 1770, l’a détruite de fond en comble. C’étoit le moment du repentir. On avoit d’autant plus raiſon de l’eſpérer, que tout porte à croire que la nouvelle cité eſt aſſiſe ſur la voûte du volcan. Vain eſpoir ! Les maiſons particulières, les édifices publics : tout a été rétabli.

Inſensé Domingois, dors donc, puiſque tu en as l’intrépidité, dors ſur la couche fragile & mince qui te sépare de l’abîme de feu, qui bouillonne fous ton chevet. Ignore le péril qui te menace, puiſque tes alarmes empoiſonneroient tous les inſtans de ta vie & ne te garantiroient de rien. Ignore combien ton exiſtence eſt précaire. Ignore qu’elle tient à la chute fortuite d’un ruiſſeau, à l’infiltration peut-être avancée d’une petite quantité des eaux qui t’environnent, dans la chaudière ſouterraine à laquelle on a voulu que ton domicile ſervît de couvercle. Si tu ſortoit un moment de ta ſtupidité, que deviendrois-tu ? Tu verrois la mort circuler ſous tes pieds. Le bruit ſourd des torrens du ſoufre mis en expanſion,