Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

contradiction ? De ce que nous ſommes ſous dans la manière dont nous en uſons avec nos colons, & inhumains & fous dans notre conduite avec nos payſans, puiſque nous voulons la choſe de près & de loin ; & que ni de près ni de loin, nous n’en voulons les moyens.

Mais comment arrive-t-il que cette inconséquence des peuples, ſoit auſſi le vice des gouvernemens ? C’eſt qu’il y a, ſelon toute apparence, plus de jaloufie que de véritable intérêt, ſoit dans l’acquiſition, ſoit dans la conſervation de cette eſpèce de propriété lointaine ; c’eſt que les fouverains ne comptent guère les colons au nombre de leurs ſujets. Le dirai-je ? oui je le dirai, puiſque je le penſe ; c’eſt qu’une invaſion de la mer qui engloutiroit cette portion de leur domaine, les affecteroit moins que la perte qu’ils en feroient par l’invaſion d’une puiſſance rivale. Il leur importe peu que ces hommes meurent ou vivent, pourvu qu’ils n’appartiennent pas à un autre. Je m’adreſſerai donc d’abord aux ſouverains, & je leur dirai : ou abandonnez ces hommes à leur ſort, ou ſecourez-les ; enſuite aux colons, & je leur dirai : implorez l’aſſiſtance de la métropole à laquelle vous êtes ſou-