Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/232

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mis ; & ſi vous en éprouvez un refus, rompez avec elle. C’eſt trop que d’avoir à ſupporter à la fois la misère, l’indifférence & l’eſclavage.

Mais pourquoi les colonies ſont-elles & plus mal adminiſtrées, & plus malheureuſes encore ſous les puiſſances, à la force & à la ſplendeur deſquelles elles ſont le plus néceſſaires ? C’eſt que ces puiſſances ſont encore plus folles que nous. C’eſt que plus commerçantes, l’eſprit de l’adminiſtration eſt encore plus cruel. C’eſt que ſemblables au fermier qui n’eſt pas sûr de jouir d’un nouveau bail, elles épuiſent une terre qui peut d’une année à une autre, paſſer entre les mains d’un nouveau poſſeſſeur. Lorſque les provinces d’un état ſont contiguës, les plus voiſines de la frontière ſont les plus ménagées. C’eſt tout le contraire pour les colonies. On les vexe par la ſeule crainte que dans une circonſtance périlleuſe, le ménagement qu’on auroit eu pour elle ne fut en pure perte.

XLII. Établiſſemens formés au nord de Saint-Domingue.

L’oueſt de Saint-Domingue eſt séparé du Nord par le môle Saint-Nicolas, qui participe des deux côtes. À l’extrémité du cap eſt un port également beau, sûr & commode. La nature en le plaçant vis-à-vis la pointe du