Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/259

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aſſuré à tous les eſclaves qui peuvent les y aller joindre. C’eſt-là, que, grâces à la cruauté des nations civilisées, ils deviennent libres & féroces comme des tigres ; dans l’attente peut-être d’un chef & d’un conquérant qui rétabliſſe les droits de l’humanité violée, en s’emparant d’une iſle que la nature ſemble avoir deſtinée aux eſclaves qui la cultivent, & non aux tyrans qui l’arroſent du ſang de ces victimes.

Les combinaiſons actuelles de la politique n’ordonnent pas que l’Eſpagne & la France ſe faſſent la guerre. Si quelque événement mettoit les deux nations aux priſes, malgré le pacte des couronnes ; ce ſeroit vraiſemblablement un feu paſſager, qui ne donneroit ni le loiſir, ni le projet de faire des conquêtes qu’on ſeroit obligé de reſtituer. Les entrepriſes, de part & d’autre, ſe réduiroient donc à des ravages. Mais alors la nation qui ne cultive pas, du moins à Saint-Domingue, ſe trouveroit redoutable par ſa misère même, à celle dont la culture a fait des progrès. Un gouverneur Caſtillan ſentoit ſi bien l’avantage que lui donnoient l’indolence & la pau-