Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/27

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Pourquoi, ô ſouverain, avez-vous raſſemblé de nombreuſes armées au centre de votre royaume ? Pourquoi vos palais ſont-ils environnés de gardes ? C’eſt que la menace toujours inſtante de vos voiſins, la ſoumiſſion de vos peuples & la sûreté de vos perſonnes ſacrées exigent ces précautions. Qui vous répondra de la fidélité de vos ſujets au loin ? Votre ſceptre ne peut atteindre à des milliers de lieues, & vos vaiſſeaux ne peuvent y ſuppléer qu’imparfaitement. Voici l’arrêt que le deſtin a prononcé ſur vos colonies. Ou vous renoncerez à elles, ou elles renonceront à vous. Songez que votre puiſſance ceſſe d’elle-même, ſur la limite naturelle de vos états.

Ces idées, qui commencent à germer dans les eſprits, les auroient révoltés au commencement du dix-ſeptième ſiècle. Tout étoit alors en fermentation dans la plupart des contrées de l’Europe. Les regards ſe tournoient généralement vers le Nouveau-Monde ; & les François paroiſſoient auſſi impatiens que les autres peuples d’y jouer un rôle.

II. Premières expéditions des François aux iſles d’Amérique.

Depuis la fin tragique du meilleur de ſes monarques, cette nation avoit été ſans ceſſe