Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/26

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mêmes, ou à s’abandonner à la première puiſſance aſſez forte pour s’en emparer ? Les adminiſtrateurs qu’on leur envoie pour les gouverner ne ſont-ils pas regardés comme des tyrans qu’on égorgeroit, ſans le reſpect pour la perſonne qu’ils repréſentent ? Cet agrandiſſement n’eſt-il pas contre nature, & tout ce qui eſt contre nature ne doit-il pas finir ?

Seroit-ce un inſensé que celui qui diroit aux nations, il faut ou que votre autorité ceſſe dans l’autre continent, ou que vous en faſſiez le centre de votre empire ? Choiſiſſez. Reſtez dans cette partie du monde ; faites proſpérer la terre ſur laquelle vous marchez, vous vivez ; ou ſi l’autre hémiſphère vous offre plus de puiſſance, de force, de sûreté, de bonheur, allez vous y établir. Portez-y votre autorité ; vos armes, vos mœurs & vos loix y proſpéreront. Y penſez-vous, lorſque vous voulez commander, être obéis où vous n’êtes pas, tandis que l’abſence du chef n’eſt jamais ſans fâcheuſe conséquence dans l’enceinte étroite de ſa famille. On ne règne qu’où l’on eſt ; & encore n’eſt-ce pas une choſe facile que d’y régner dignement.