Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/277

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roit le conquérant de s’y établir ſolidement.

Il ſeroit à ſouhaiter, ajoutent les partiſans de ce nouveau ſyſtême, qu’au moment qu’on a commencé les travaux au môle, on y eût fait toutes les fortifications que comportoit une poſition ſi avantageuſe, C’eſt un tréſor qu’on ne devoit découvrir qu’en s’en aſſurant la poſſeſſion. Si cette précieuſe clef de Saint-Domingue, & même de l’Amérique, venoit à tomber entre les mains des Anglois, ce Gibraltar du Nouveau-Monde ſeroit plus fatal à l’Eſpagne & à la France, que celui de l’Europe même.

Au reſte, qu’on ne s’étonne pas de voir ſi peu de ſolidité dans toutes les précautions qu’on a priſes juſqu’ici pour la défenſe de Saint-Domingue. Tant que la prévoyance & la protection étoient bornées à des moyens du ſecond ordre, qui ne pouvoient que retarder & non empêcher la conquête de cette iſle, il n’étoit pas poſſible de ſuivre un plan invariable. Les principes fixes appartiennent excluſivement aux nations qui peuvent compter ſur leurs forces navales pour conſerver ou pour recouvrer leurs colonies. Celles de la France n’ont pas été juſ-