Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/282

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que le peuple y ait rien gagné. La France voit encore ſon aiſance gênée par cette ſervitude publique, dont on a réduit l’injuſtice en méthode, comme pour lui donner une ombre d’équité.

Qui croiroit que ſous le ſiècle le plus éclairé de cette nation ; au tems où les droits de l’homme avoient été le plus sévèrement diſcutés ; lorſque les principes de la morale naturelle n’avoient plus de contradicteurs ; ſous le règne d’un roi bienfaiſant ; ſous des miniſtres humains ; ſous des magiſtrats intègres, on ait prétendu qu’il étoit dans l’ordre de la juſtice, & ſelon la forme conſtitutive de l’état, que des malheureux qui n’ont rien fuſſent arrachés de leurs chaumières, diſtraits de leur repos ou de leurs travaux, eux, leurs femmes, leurs enfans & leurs animaux, pour aller, après de longues fatigues, s’épuiſer en fatigues nouvelles, à conſtruire des routes encore plus faſtueuſes qu’utiles, à l’uſage de ceux qui posèdent tout, & cela ſans ſolde & ſans nourriture.

Âmes de bronze, faites un pas de plus, & bientôt vous vous perſuaderez qu’il vous