Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/289

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séjour tempéré de la métropole. Quoi de plus propre que le ſpectacle de leur fortune, à réveiller l’ambition & l’activité d’un grand nombre d’hommes oiſifs, dont l’état ſe délivreroit au profit de l’induſtrie & du commerce ?

Rien de plus nuiſible à l’un & à l’autre que cette capitation des noirs. La néceſſité de vendre oblige le colon de baiſſer le prix de ſa denrée. Le bon marché peut être avantageux, lorſqu’il eſt le fruit d’une grande abondance, & la ſuite d’une vivacité extrême dans les affaires. Mais tout eſt perdu, ſi l’on eſt réduit à perdre habituellement ſur ſes marchandiſes, pour payer le retour d’un impôt. La finance eſt comme un ulcère, où les chairs mortes dévorent les chairs vivantes. À meſure que le ſang paſſe dans une plaie par la circulation, il ſe corrompt pour la nourrir. Le commerce tarit par les canaux abſorbans du fiſc, qui reçoit toujours ſans jamais rendre.

Enfin l’impôt dont il s’agit, eſt d’une perception très-difficile. Il faut néceſſairement que tout propriétaire qui a des eſclaves, en donne chaque année une déclara-