Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

III. Les iſles Françoiſes languiſſent long-tems ſous des privilèges excluſifs.

Une compagnie ſe préſenta en 1626, pour exercer ce privilège. C’étoit l’uſage d’un tems où la navigation & le commerce n’avoient pas encore aſſez de vigueur pour être abandonnés à la liberté des particuliers. Elle obtint les plus grands droits. L’état lui abandonnoit pour vingt ans toutes les iſles qu’elle mettroit en valeur, & l’autoriſoit à ſe faire payer cent livres de tabac, ou cinquante livres de coton par chaque habitant depuis ſeize juſqu’à ſoixante ans. Elle devoit y jouir encore de l’avantage d’acheter & de vendre excluſivement. Un fonds qui ne fut d’abord que de 45 000 livres, & qu’on ne porta jamais au triple de cette ſomme, lui valut tous ces encouragemens.

Il ne paroiſſoit pas poſſible de rien faire d’utile avec des moyens ſi foibles. On vit cependant ſortir de Saint-Chriſtophe des eſſaims d’hommes hardis & entreprenans qui arborèrent le pavillon François dans les iſles voiſines. Si la compagnie qui excitoit l’eſprit d’invaſion par quelques privilèges, eut eu, à tous égards, une conduite bien raiſonnée, l’état ne pouvoir tarder à tirer quelque fruit de cette inquiétude. Malheu-