Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/303

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entre des intéreſſés qui ont un droit égal ? Si un ſauvage laiſſoit en mourant deux arcs & deux enfans, & qu’on lui demandât ce qu’il faut faire de ces deux arcs, ne répondroit-il pas qu’il en faut donner un à chacun ; & s’il les léguoit tous deux au même, ne laiſſeroit-il pas entendre que le proſcrit eſt un fruit des mauvaiſes mœurs de ſa femme ? Dans les contrées où cette monſtrueuſe exhérédation eſt autorisée, le père eſt moins reſpecté de tous ; de l’aîné auquel il ne peut rien ôter, des cadets auxquels il ne peut rien donner. À la tendreſſe filiale qui s’éteint, ſuccède un ſentiment de baſſeſſe, qui accoutume preſque dès le berceau trois ou quatre enfans à ramper aux pieds d’un ſeul, qui en conçoit une importance perſonnelle, qui ne manque guère de le rendre inſolent. Des pères & des mères honnêtes craignent de multiplier autour d’eux des indigens condamnés au célibat. Tout l’héritage eſt placé dans les mains d’un fou, dont on n’arrête les diſſipations, que par la ſubſtitution, qui eſt un autre mal. De ſi grandes calamités doivent faire préſumer que le droit de primogéniture, que la ſuperſtition ne conſacra