Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/304

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pas à ſon origine & que le deſpotiſme n’a aucun intérêt à perpétuer, ſera tôt ou tard aboli. C’eſt un reſte de barbarie féodale, dont nos deſcendans rougiront un jour.

Cependant, la loi de l’égalité, qui ſemble dictée par la nature même ; qui ſe préſente la première au cœur de l’homme juſte & bon ; qui ne laiſſe d’abord aucun doute à l’eſprit ſur ſa rectitude & ſon utilité : cette loi peut être quelquefois contraire au maintien de nos ſociétés. On en a l’exemple dans les iſles Françoiſes qu’elle écarte de leur deſtination & dont elle prépare de loin la ruine. Le partage fut néceſſaire dans la formation des colonies. On avoit à défricher des contrées immenſes. Le pouvoit-on ſans population ? & comment, ſans propriété, fixer dans ces régions éloignées & déſertes, des hommes, qui, la plupart, n’avoient quitté leur patrie que faute de propriété ? Si le gouvernement leur eût refusé des terres, ces aventuriers en auroient cherché de climat en climat, avec le déſeſpoir de commencer des établiſſemens ſans nombre, dont aucun n’auroit pris cette conſiſtance qui les rend utiles à la métropole.