Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/318

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d’un créancier quelquefois ſuſpect. C’eſt l’honneur ; c’eſt la crainte d’être exclu de la ſociété. Mais dans quel ſiècle, en quel tems invoque-t-on ici le nom ſacré de l’honneur ? N’eſt-ce pas au gouvernement à donner l’exemple de la juſtice qu’il veut qu’on pratique ? Seroit-il poſſible que l’opinion publique tînt pour flétris des particuliers qui n’auroient fait que ce que l’état ſe permet ouvertement ? Lorſque l’opprobre s’introduit dans les grandes maiſons, dans les premières places, dans les camps & dans le ſanctuaire, ſait-on rougir encore ? Qui pourra craindre d’être déſhonoré, ſi ceux qu’on appelle gens d’honneur n’en connoiſſent plus d’autre que celui d’être riches pour être placés, ou placés pour s’enrichir ; ſi, pour s’élever, il faut ramper ; pour ſervir l’état, plaire aux grands & aux femmes ; & ſi tous les dons de plaire ſuppoſent, au moins, de l’indifférence pour toutes les vertus ? l’honneur qui s’exile des climats de l’Europe, ira-t-il ſe réfugier en Amérique ?

La cour de Verſailles, perpétuellement égarée par les adminiſtrateurs de ſes colonies, a toujours paru vouloir que l’acquitte-