Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/319

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ment des dettes y dépendit de leurs volontés arbitraires. Jamais on n’a pu lui faire entendre que c’étoit établir un plan de tyrannie dans le Nouveau-Monde. Des chefs ignorans, capricieux, intéreſſés ou vindicatifs peuvent choiſir, à leur gré, ceux des débiteurs qu’il leur convient de ruiner. Il leur eſt également facile d’être injuſtes envers les créanciers. Ce ne ſera, ni le plus ancien, ni le plus preſſé, ni le plus honnête qu’ils feront payer : mais le plus puiſſant, le plus protégé, le plus actif ou le plus violent. En quelque lieu du monde ou par quelque motif que ce puiſſe être, l’autorité ne doit point s’aſſeoir à la place de la juſtice, ni la probité ou la vertu, à la place de la loi ; parce qu’il n’y a point d’autorité qu’on ne puiſſe corrompre ; parce qu’il n’y a ni probité, ni vertu qu’on ne puiſſe ébranler.

Deux ſiècles perdus dans des eſſais, des expériences, des combinaiſons doivent avoir convaincu le miniſtère de France que la calamité qu’on déplore ici ne trouvera ſon terme que dans des réglemens clairs, ſimples d’une exécution facile. Lorſque les créanciers pourront faire ſans délai, ſans