Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/33

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de ſa carrière. L’habitude de vivre avec des traitans, du tems de Mazarin, l’avoit accoutumé à regarder l’argent, qui n’eſt qu’un inſtrument de circulation, comme la ſource de toute création. Pour attirer celui de l’étranger, il n’imagina pas de plus puiſſant moyen que les manufactures. Il vit dans les ateliers toutes les reſſources de l’état, & dans les artiſans tous les ſujets précieux de la monarchie. Pour multiplier cette eſpèce d’hommes, il crut devoir tenir à bas prix les denrées de première néceſſité, & rendre difficile l’exportation des grains. La production des matières premières l’occupa peu ; & il appliqua tous ſes ſoins à leur fabrication. Cette préférence donnée à l’induſtrie ſur l’agriculture, ſubjugua tous les eſprits ; & ce ſyſtême deſtructeur s’eſt malheureuſement perpétué.

Si Colbert avoit eu des idées juſtes de l’exploitation des terres, des avances qu’elle exige, de la liberté qui lui eſt néceſſaire ; il auroit pris en 1664 un parti différent de celui qu’il adopta. On ſait qu’il racheta la Guadeloupe & les iſles qui en dépendoient, pour 125 000 livres ; la Martinique pour 40 000 écus ; la Grenade pour 100 000 liv. ;