Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/334

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jamais d’élever ſa baſſeſſe ſur la ſervitude générale, & d’avancer ſa fortune dans les maux publics ?

Le peu de gouverneurs, qui échappèrent à la corruption, n’ayant aucun point d’appui dans une adminiſtration ſans limites, paſſoient continuellement d’une erreur à l’autre. Ce ne ſont pas des hommes qui doivent gouverner les hommes, c’eſt la loi. Otez aux adminiſtrateurs cette meſure commune, cette règle de leurs jugemens ; il n’y aura plus de droit, plus de sûreté, ni de liberté civile. Dès-lors on ne verra qu’une foule de déciſions contradictoires ; que des réglemens paſſagers qui s’entre-choqueront ; que des ordres qui, faute de maximes fondamentales, n’auront aucune liaiſon entre eux. Si l’on déchiroit le corps des loix, dans l’empire même le mieux conſtitué par ſa nature, on verroit bientôt que ce ne ſeroit pas aſſez d’être juſte, pour le bien conduire. La ſageſſe des meilleures têtes n’y ſuffiroit pas. Comme elles n’auroient pas toutes le même eſprit, & que l’eſprit de chacune ne ſeroit pas toujours dans la même ſituation, l’état ne tarderoit pas à être bouleversé. Cette eſpèce de cahos fut continuel