Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/344

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fermées. L’honneur a ſon tribunal & la médiſance a le ſien. Les mœurs exercent une eſpèce de juſtice que perſonne ne peut décliner. Qui eſt-ce qui n’eſt pas plus ou moins retenu par le jugement public ? Toutes ces ſortes d’autorités abrègent les fonctions du gouvernement. L’Amérique, remplie d’individus iſolés, ſans patrie, ſans parens, qui ſe déplacent continuellement, qui ſe renouvellent ſans ceſſe, & que la ſoif des richeſſes pouſſe toujours aux entrepriſes les plus hardies : l’Amérique exige une ſurveillance plus active, plus ſuivie & plus détaillée.

Cependant un officier, qui, ſous le nom de lieutenant du roi, réſidoit dans un port ou dans une bourgade, fut ſeul chargé pendant long-tems, dans les iſles Françoiſes, de ce ſoin important. C’étoit un petit tyran, qui vexoit les cultivateurs, qui rançonnoit le commerce, & qui aimoit mieux vendre un pardon, que prévenir des fautes. Depuis quelques années, les commandans des milices de chaque quartier ſont chargés, ſous l’inſpection du chef de la colonie, du maintien de la tranquilité publique. Ce nouvel arrangement eſt moins vicieux que l’ancien : mais il eſt encore trop arbitraire. Il eſt doux d’eſ-