Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/36

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faut accuſer ni leur préſomption, ni leur indolence. Leurs eſpérances n’avoient rien qui ne fût dans le cours naturel des choſes ; & toute leur conduite tendoit à les juſtifier, à les affermir. Les préjugés de la métropole leur opposèrent malheureuſement des obſtacles inſurmontables.

D’abord on exigea dans les iſles même, de chaque homme libre, de chaque eſclave des deux ſexes, une capitation annuelle de cent livres peſant de ſucre brut. On repréſenta vainement que l’obligation imposée aux colonies de ne négocier qu’avec la patrie principale, étoit un impôt aſſez onéreux pour tenir lieu de tous les autres. Ces repréſentations ne firent pas l’impreſſion qu’elles méritoient. Soit beſoin, ſoit ignorance du gouvernement ; des cultivateurs qu’il auroit fallu aider par des prêts ſans intérêt, par des gratifications, virent paſſer dans les mains de fermiers avides une portion de leurs récoltes, qui, reversée dans des champs fertiles, auroit augmenté graduellement la reproduction.

Dans le tems que les iſles ſe voyoient ainſi dépouillées d’une partie de leurs denrées ; l’eſprit d’excluſion prenoit en France