Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/370

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& tantôt l’écraſant à ſon tour. C’eſt-là qu’elle a fini par triompher, & que, juſqu’au fanatiſme de religion, tout a concouru à ſon triomphe. C’eſt-là qu’un roi, traîné juridiquement ſur l’échafaud, & qu’un autre, déposé avec toute ſa race par un arrêt de la nation, ont donné une grande leçon à la terre. C’eſt-là qu’au milieu des convulſions civiles, & dans les intervalles d’un calme momentané, on a vu les ſciences exactes & profondes portées le plus loin ; les eſprits s’accoutumer à raiſonner, à réfléchir, à s’occuper ſur-tout du gouvernement. C’eſt-là enfin qu’après de longues & violentes ſecouſſes, s’eſt formée cette conſtitution, ſinon parfaite, ſinon exempte d’inconvéniens, du moins la plus heureuſement aſſortie à la ſituation du pays ; la plus favorable à ſon commerce ; la plus propre à développer le génie, l’éloquence, toutes les facultés de l’eſprit humain ; la ſeule, peut-être, où, depuis que l’homme vit en ſociété, les loix lui aient aſſuré ſa dignité, ſa liberté perſonnelle, ſa liberté de penſer ; où elles l’aient fait, en un mot, citoyens, c’eſt-à-dire, partie conſtituante & intégrante de l’état & de la nation.