Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/371

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I. Quel étoit l’état de l’Angleterre, lorſqu’elle commença à former des établiſſemens dans les iſles de l’Amérique.

L’Angleterre n’avoit pas encore donné au monde ce grand ſpectacle, lorſqu’elle commença ſes établiſſemens dans l’archipel de l’Amérique. Son agriculture n’embraſſoit alors ni le lin, ni le chanvre. Les tentatives qu’on avoit faites pour élever des mûriers & des vers à ſoie, n’avoient pas été heureuſes. Tous les ſoins du laboureur étoient tournés vers la multiplication des bleds, qui, malgré le goût de la nation pour la vie champêtre, ſuffiſoient rarement à la ſubſiſtance du royaume. Une grande partie de ſes greniers étoient approviſionnés par les champs qui bordent la mer Baltique.

L’induſtrie étoit encore moins avancée que l’agriculture. Elle ſe réduiſoit à des ouvrages de laine. On les avoit multipliés depuis quelques années que l’exportation de la matière première étoit défendue : mais un peuple inſulaire, qui ſembloit ne travailler que pour lui, n’avoit pas ſu donner à ſes étoffes, les agrémens du luxe, que le goût imagine pour le débit & la conſommation. Elles alloient recevoir la teinture & le luſtre en Hollande, d’où elles circuloient dans toute l’Europe, & repaſſoient même en Angleterre.