Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/384

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Du ſein de ces diſſenſions, ſortit la guerre civile la plus vive, la plus ſanglante, la plus opiniâtre, dont l’hiſtoire ait conſervé le ſouvenir. Jamais le caractère Anglois ne s’étoit développé d’une manière ſi terrible. Chaque jour éclairoit de nouvelles fureurs, qu’on croyoit pouſſées au dernier excès, & qui étoient effacées par d’autres encore plus atroces. Il ſembloit que la nation touchoit à ſon dernier terme ; & que tout Breton avoit juré de s’enſevelir ſous les ruines de ſa patrie.

III. Par quels hommes furent peuplées les iſles Angloiſes.

Dans l’embrâſement univerſel, des eſprits moins ardens cherchèrent un refuge paiſible vers les iſles de l’Amérique, dont la nation Angloiſe venoit de s’emparer. La tranquilité qu’ils y trouvèrent, multiplia les émigrations. À meſure que l’incendie gagnoit la métropole, on vit les colonies s’accroître & ſe peupler. Aux citoyens qui fuyoient les factions, ſe joignirent bientôt les royaliſtes opprimés par les républicains, dont les armes avoient enfin prévalu.

Sur les traces des uns & des autres, on vit paſſer au Nouveau-Monde, ces hommes inquiets, pleins de feu, à qui de fortes paſſions donnent de grands déſirs, inſpirent des pro-