Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/386

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blique. Mais dans une nouvelle terre, ou l’expérience du vice pouvoit devenir pour eux une leçon de ſageſſe, où ils n’avoient à effacer aucune impreſſion de leurs fautes, ils trouvèrent après le naufrage, une planche qui les ramena au port. Leur travail répara les déſordres de leur conduite ; & des hommes ſortis de l’Europe en brigands qui la déſhonoroient, y retournèrent honnêtes, & furent d’utiles citoyens.

Tous ces divers colons eurent à leur diſpoſition, pour défricher & cultiver leurs terres, les ſcélérats des trois royaumes d’Angleterre, qui pour des crimes capitaux, avoient mérité la mort : mais que par un eſprit de politique humaine & raiſonnée, on faiſoit vivre & travailler pour le bien de la nation. Tranſportés aux iſles, où ils devoient paſſer un certain nombre d’années dans l’eſclavage, ces malfaiteurs contractèrent dans les fers le goût du travail, & des habitudes qui les remirent ſur la voie de la fortune. On en vit qui, rendus à la ſociété par la liberté, devinrent cultivateurs, chefs de famille, & propriétaires des meilleures habitations : tant cette modération dans les