Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/399

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dirent ſur la troupe ennemie, qu’ils mirent à mort ou en fuite. Un jeune homme long-tems pourſuivi, ſe jeta dans un bois. Une Indienne l’ayant rencontré, ſauva ſes jours, le nourrit ſecrètement, & le reconduiſit après quelque tems ſur les bords de la mer. Ses compagnons y attendoient à l’ancre ceux qui s’étoient égarés : la chaloupe vint le prendre. Sa libératrice voulut le ſuivre au vaiſſeau. Dès qu’ils furent arrivés à la Barbade, le monſtre vendit celle qui lui avoit conſervé la vie, qui lui avoit donné ſon cœur, avec tous les ſentimens & tous les tréſors de l’amour. Pour réparer l’honneur de la nation Angloiſe, un de ſes poètes a dévoué lui-même à l’horreur de la poſtérité, ce monument infâme d’avarice & de perfidie. Pluſieurs langues l’ont fait déteſter des nations.

Les Indiens, qui n’étoient pas aſſez hardis pour entreprendre de ſe venger, communiquèrent leur reſſentiment aux nègres, qui avoient encore plus de motifs, s’il étoit poſſible, de haïr les Anglois. D’un commun accord, les eſclaves jurèrent la mort de leurs tyrans. Cette conſpiration fut conduite avec tant de ſecret, que la veille de l’exécution