Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/410

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mieux l’eſprit qui régnoit à Antigoa. Son gouverneur, le colonel Pach, bravant également les loix, les mœurs & les bienséances, ne connoiſſoit ni frein ni meſure. La colonie demanda & obtint ſon rappel. Comme il ne ſe ditpoſoit pas à partir, pluſieurs des plus conſidérables habitans allèrent lui faire de très-vives repréſentations ſur cette eſpèce de déſobéiſſance. Ses gardes les repouſſent avec brutalité. On prend les armes. Le tyran eſt attaqué dans ſa maiſon, & meurt percé de mille coups. Son cadavre jeté nud dans la rue, eſt mutilé par ceux dont il avoit déſhonoré la couche. La métropole, plus touchée des droits ſacrés de la nature, que jalouſe de ſon autorité, détourne les yeux d’un attentat que ſa vigilance auroit dû prévenir, mais dont l’équité ne lui permettoit pas de tirer vengeance. Ce n’eſt que la tyrannie qui, après avoir excité la rébellion, veut l’éteindre dans le ſang des opprimés. Le machiavéliſme, qui enſeigne aux princes l’art de ſe faire craindre & déteſter, leur ordonne d’étouffer les victimes dont les cris importunent. L’humanité preſcrit aux rois la juſtice dans la légiſlation, la douceur dans l’admi-