Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/430

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ſain. Le climat eſt plus dangereux encore. De toutes les iſles de l’Amérique, c’eſt la Jamaïque qui eſt la plus meurtrière. On y périt très-rapidement ; &, après deux ſiècles de défrichemens, il ſe trouve des diſtricts très-fertiles, même près de la capitale, où un homme libre ne paſſeroit pas la nuit ſans une extrême néceſſité.

XXI. Les Eſpagnols découvrent la Jamaïque, & s’y établiſſent quelque tems après.

Colomb découvrit en 1494 cette grande iſle ; mais il n’y forma point d’établiſſement. Huit ans après, il y fut jeté par la tempête. La perte de ſes vaiſſeaux, le mettant hors d’état d’en ſortir, il implora l’humanité des ſauvages, & il en reçut tous les ſecours de la commisération naturelle. Cependant ce peuple qui ne cultivoit que pour ſes beſoins, ſe laſſa de nourrir des étrangers, qui l’expoſoient à mourir lui-même de diſette, & il s’éloigna peu-à-peu des côtes. Les Eſpagnols ne gardèrent plus alors de ménagement avec ces timides Indiens qu’ils avoient déjà effarouchés par des actes de violence ; & ils s’emportèrent juſqu’à prendre les armes contre un chef humain & juſte qui n’approuvoit pas leurs férocités. Pour ſortir de cette ſituation déſeſpérée, Colomb profita d’un de ces