Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/439

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la colonie avoit acquis une aſſez grande célébrité. Quelques aventuriers, autant par haîne ou jalouſie nationale, que par inquiétude d’eſprit, & beſoin de fortune, attaquèrent les vaiſſeaux Eſpagnols. Ces corſaires furent ſecondés par les ſoldats de Cromwel, qui, ne recueillant après ſa mort que l’averſion publique attachée à ſes cruels ſuccès, cherchèrent au loin un avancement qu’ils n’eſpéroient plus en Europe. Ce nombre fut groſſi d’une foule d’Anglois des deux partis, accoutumés au ſang par les guerres civiles qui les avoient ruinés. Ces hommes avides de rapine & de carnage, écumoient les mers, dévaſtoient les côtes du Nouveau-Monde. C’étoit à la Jamaïque qu’étoient toujours portées par les nationaux & ſouvent par les étrangers, les dépouilles du Mexique & du Pérou. Ils trouvoient dans cette iſle plus de facilité, d’accueil, de protection & de liberté qu’ailleurs ; ſoit pour débarquer, ſoit pour dépenſer à leur gré le butin de leurs courſes, C’eſt-là que les prodigalités de la débauche les rejetoient bientôt dans la misère. Cet unique aiguillon de leur ſanguinaire induſtrie, les faiſoit voler à de nouvelles proies.