Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/440

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Ainſi, la colonie profitoit de leurs continuelles viciſſitudes de fortune ; & s’enrichiſſoit des vices qui étoient la ſource & la ruine de leurs tréſors.

Quand cette race exterminante fut éteinte, par ſa meurtrière activité, les fonds qu’elle avoit laiſſés, & qui n’étoient, après tout, dérobés qu’à des uſurpateurs plus injuſtes & plus cruels encore, ces fonds devinrent la baſe d’une nouvelle opulence, par la facilité qu’ils donnèrent d’ouvrir un commerce interlope avec les poſſeſſions Eſpagnoles. Cette veine de richeſſe, qu’on avoit ouverte vers 1672, s’accrut ſucceſſivement, & très-rapidement vers la fin du ſiècle. Des Portugais, avec un capital de trois millions, dont leur ſouverain avoit avancé les deux tiers, s’engagèrent, en 1696, à fournir aux ſujets de la cour de Madrid, cinq mille noirs, chacune des cinq années que devoit durer leur traité. Cette compagnie tira de la Jamaïque un grand nombre de ces eſclaves. Dès-lors, le colon de cette iſle eut des liaiſons ſuivies avec le Mexique & le Pérou ; ſoit par l’entremiſe des agens Portugais ; ſoit par les capitaines de ſes propres vaiſſeaux employés