Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/449

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médiocre, & couvert d’une écorce grisâtre, unie & luiſante. Ses feuilles, qui ont une bonne odeur, reſſemblent pour la forme & pour la diſpoſition à celles du laurier, & les branches ſont terminées par de corymbes de fleurs en tout ſemblables à celles du myrte ordinaire. Les fruits qui leur ſuccèdent ſont de petites baies un peu plus groſſes que celles de genièvre. On les cueille vertes, & on les met sécher au ſoleil. Elles bruniſſent, & prennent une odeur d’épicerie qui, en Angleterre, a fait appeler ce piment allſpice. L’uſage en eſt excellent pour fortifier les eſtomacs froids : mais qu’eſt-ce que cet avantage en comparaiſon de tous ceux que procure le ſucre ?

L’art de le cultiver ne fut connu à la Jamaïque qu’en 1668. Il y fut porté par quelques habitans de la Barbade. L’un d’entre eux avoit tout ce qu’exige la ſorte de création qui dépend des hommes : c’étoit Thomas Moddifort. Son activité, ſes capitaux, ſon intelligence le mirent en état de défricher un terrein immenſe, & l’élevèrent, avec le tems, au gouvernement de la colonie. Cependant le ſpectacle de ſa fortune